Dans une brume diffuse, les troncs noueux et couverts de mousse semblent prendre vie, comme animés par une mémoire ancienne. Les touches de vert et de rose se confondent avec les éclats de lumière, révélant un paysage à la frontière du rêve et du réel. C’est un monde où la nature respire encore le mystère des origines, et où chaque branche paraît porter la voix secrète du temps.
"Je ne commence jamais par l’idée d’un arbre, d’un nid ou d’un paysage. J’entre d’abord dans le silence du papier, ou de la toile encore vierge, comme on entrerait dans un espace de brume. L’aquarelle et la gouache, je les laisse se mêler, se repousser, s’absorber entre elles, comme si l’eau et la couleur dialoguaient avant moi.
Peindre, c’est d’abord écouter : écouter comment le pigment s’étend, comment le vide respire. Alors je renverse parfois le support, je souffle, je laisse l’eau tracer ses propres racines. Puis vient le geste plus sûr, la brosse qui accroche les masses sombres, les mousses profondes, ou qui esquisse un filament lumineux.
L’inspiration n’est pas une image précise : c’est une réminiscence, un parfum de forêt, une lumière entrevue dans un rêve, la sensation d’un souffle ancien. Comme Turner, je cherche l’atmosphère avant la forme ; comme Zao Wou-Ki, je laisse le monde intérieur émerger dans l’indicible.
Lorsque la peinture prend enfin corps, elle n’appartient déjà plus à moi : c’est une naissance imprévue, une rencontre entre l’eau, la matière et le mystère du regard."